Depuis le début de la crise post-électorale en Gambie, ils y en a qui plaident pour une opération militaire pour déloger Yaya Jammeh du palais et installer le président élu, Adama Barrow. Ils ne réclament ni plus ni moins qu'une opération “Fodé Kaba 3”, une autre mission commando comme celle dirigée par le Sénégal en 1980 et 1981.
Seneweb a pu décrocher un ancien parachutiste qui a participé aux deux opérations de l'armée sénégalaise en Gambie.
Boubacar Cissé, à l’époque sergent à la première compagnie des parachutistes, actuel imam de la Mosquée Comico de Ouakam, nous fait revivre le film des opérations “Fodé Kaba 1” et “Fodé Kaba 2”. Récit.
L’Alerte pour l'opération Fodé Kaba 2
«C’est nous qui étions largués pour les deux “Fodé Kaba”. Je les ai vécu en tant qu’acteur. Le jeudi 30 juillet 1981, nous avons été alertés à 13h. Au rassemblement, on nous a signifié qu’il fallait faire mouvement vers l’aéroport. Lorsque nous sommes arrivés, on nous a signifié l'ordre. Nous devrions être largués en territoire gambien pour une intervention militaire. Dawda Kaïraba Jawara, à l’époque président de la Gambie, était absent du territoire national (Ndlr : il était en vacance en Angleterre). Des éléments étrangers en ont profité pour s’emparer du pouvoir Gambien, d’après les renseignements qu’on nous avait donné. C’est ainsi que l’Etat du Sénégal a dépêché une équipe sur le sol gambien. La mission était de rétablir l'ordre constitutionnel. Nous avons été largués au large de l’aéroport de Yundum, sous une pluie battante».
“Comment l'armée a perdu 06 soldats”
“Dès notre arrivée sur le sol Gambien, les mutins, qui occupaient l’aéroport, nous ont vu débarquer avec nos paras. Ils ont cherché à nous barrer le chemin de l’aéroport. Mais, en bons professionnels, nous avons manœuvré en utilisant d’autres axes et nous nous sommes immédiatement “déséquipés”. Nous avons pris nos armes et munitions et avons pu progresser toute la nuit jusqu'à l’aéroport. Il faisait 05 heures lorsque nous sommes arrivés à l'aéroport. Les mutins étaient tous en train de dormir. Comme ils n’étaient pas assez professionnels, on a profité de leur sommeil pour les capturer et récupérer leur armement. Puis nous leur avons demandé de partir avant d'occuper l’aéroport et alerter Dakar.
Le lendemain, Dakar a commencé à nous envoyer des renforts. La deuxième compagnie des parachutistes, le bataillon des commandos et les autres éléments militaires qui ont pris la route nous ont rejoints avant le soir. Les mutins avaient saboté les deux bacs (Farafenny et Kung), ils avaient mis des éléments à l’entrée de Birkama (capitale de la région de la côte ouest Gambienne, Ndlr). Ils ont intercepté la compagnie qui venait de Ziguinchor pour intervenir à Banjul. Ils étaient en accrochage durant toute la journée. C’est à ce moment, puisque rien n’était possible en Gambie, qu’on nous a demandé de partir. L’armée Sénégalaise avait perdu 06 éléments lors de cet accrochage.
La seule voie qui restait, c’était le parachutage. C’est pour cela qu’on nous a largués. Lorsqu’on a occupé l’aéroport, c’était la débandade. Quand Kukoy Samba Sagna, chef des mutins, est informé de la perte de ses éléments établis à l’aéroport, il a essayé de faire de l’intoxication dans les radios de la place. Il s’est adressé au peuple Sénégalais en leur disant d'informer le Président Abdou Diouf qu’il n’a rien à voir sur la question Gambienne. Il disait que les parachutistes Sénégalais ont été tous tués, alors qu’il racontait des conneries. En ce moment, il n’y avait pas un seul para tué».
“Le Sergent-chef Boubacar Dieng n’est pas mort au combat”
«Le seul para tué dans cette opération, c’est le Sergent-chef Boubacar Dieng. Il n’est pas mort au combat. De sa position, il voyait des gens faire des choses, de loin. Il est allé vers eux pour leur demander d'arrêter, leur expliquant que nous ne sommes pas venus pour les combattre. “Arrêtez, revenez à la raison. Depuis ce matin, vous tirez dans le vide et vous n’atteignez personne. Nous sommes venus pour vous aider à rétablir l’ordre”, leur dit-il. L'un d'eux lui a répondu : “Kukoy nous a demandé de vous prendre en otage, comme prisonnier de guerre”. Boubacar de rétorquer : «moi vivant, vous ne pouvez pas me prendre prisonnier. Vous en n'êtes pas dignes». C’est ainsi qu’ils ont engagé une épreuve de force et ils se sont battus. Le sergent Boubacar a réussi à s’échapper. C’est quand il revenait sous une pluie torride pour rejoindre sa position qu’il a reçu deux balles au niveau de la poitrine. Il est tombé et a perdu beaucoup de sang. Nous n’avions pas pu intervenir tôt à cause de la pluie et il faisait nuit. Nous ne l’avions pas vu revenir».
“La disparition de 17 militaires en mer”
“Dans la nuit du 31 juillet au 01 août 1981, la pluie était forte, le temps mauvais et la visibilité nulle. C’est quand nous avons commencé à progresser vers Banjul pour neutraliser les mutins qu’un hélicoptère Puma a décollé avec pour objectif de se poser au niveau de la radio gambienne. Il y avait 14 combattants et trois membres d’équipage. Malheureusement, cet hélicoptère s’est posé plutôt en mer. On a perdu l'hélicoptère et les 17 éléments qui étaient à bord.
Ce 01 août a coïncidé avec la Korité. Kukoy avait pris en otage Serigne Habib Sy qui était le frère du Khalife général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh. Lors de la prière, Kukoy l’a obligé à faire un sermon pour demander à Abdou Diouf de retirer ses hommes parce que le Sénégal n’avait rien à voir avec ce qui se passait en Gambie. Par la suite, sachant que nous étions en progression, Kukoy a pris la pirogue pour fuir la Gambie ce samedi 1ernaoût 1981 en catimini. C’est ce même samedi que le génie militaire a pu faire un pont Bailey au niveau du bac de Farafenny pour permettre aux véhicules blindés de traverser.»
“La libération de l’épouse de Kaïraba Jawara et de son beau-père”
«Les éléments venus de Tamba ont desserré l’étau qui était à Brikama pour permettre aux éléments venus de Ziguinchor d’entrer par là-bas. Ce Samedi, toutes les forces étaient à l’intérieur du territoire Gambien et progressaient vers Banjul. C’était le sauve-qui-peut pour les mutins. Nous avons continué à faire le ratissage jusqu’au jeudi 06 août 1981. C’est ce jour qu’on s’est tous retrouvés à Bakao, l’Etat-major de la Gambie, où il y’avait les dernières poches de résistance. Nous avons annexé aussi le lieu où les otages étaient cantonnés. Parmi ces otages, la première épouse de Dawda Kaïraba Jawara et son beau-père avec d’autres fonctionnaires de l’administration. Nous avons libéré ces otages en compagnie des éléments du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (Gign).
“93 éléments pour un assaut de 08 jours”
«Le commando était composé de 93 éléments. L’opération a duré une semaine. Après avoir libéré les otages, on a déployé nos éléments dans toutes la Gambie. A partir du 06 août 1981, il n’y avait plus de coups de feu. L’opération terminée, il ne restait que la récupération des armes qui restaient. La Gambie n’avait pas de militaires, mais des policiers qu’on appelait «field force». Au début de la mutinerie, ils ont libéré les prisonniers et les ont armés pour nous combattre. Armés, ils ont semé la pagaille, dévalisé les boutiques, délogé certains hauts fonctionnaires pour s’accaparer de leurs biens. Ils ont créé un semblant de règlement de compte. Il fallait tout de suite les neutraliser.»
“Kukoy a profité des vacances du président pour tenter de déposer Kaïraba Jawara”
«Kukoy, depuis qu’il a su que le commando a occupé l’aéroport, a déserté le Palais qu’il occupait. Il avait profité de l’absence du président pour occuper le Palais qui était vide de ses occupants. Le Président et sa deuxième épouse étaient en Angleterre pour les vacances. Il a déclaré la fin du règne de Jawara. C’est de l’Angleterre que Jawara a saisi Abdou Diouf qui a alerté l’armée Sénégalaise pour restaurer la légalité. Kukoy avait une taupe au sein de la police Gambienne. C’est lors de l’opération Fodé Kaba 2 qu’on n’a su que c’est Kukoy qui était à l’origine de l’assassinat du Général Mahoney, proche du président Jawara. »
“Fodé Kaba 1 était une opération de dissuasion et de maintien de l’ordre”
«Pour l'opération Fodé Kaba 1, nous sommes partis le vendredi 31 octobre 1980. Il y avait des gens qui avaient l’intention d’éliminer Jawara au cours des funérailles du Général Mahoney qui était assassiné chez lui tôt le matin par des inconnus qui voulaient atteindre Jawara. Il était le chef de la police gambienne. Kukoy pensait que si le général était assassiné, le président pourrait facilement être atteint. Il fallait rapidement descendre pour sauver Kaïraba Jawara. On a décollé de Dakar avec deux Puma. L’un des hélicoptères s’est posé dans la cour de la Présidence et l’autre dans la cour de la cathédrale qui est juste derrière le Palais présidentiel de la Gambie. Le Fokker qui transportait une section s’est posé à l’aéroport. La messe terminée, après l’enterrement, lorsque tout le monde est rentré, nous nous sommes replié à l’Etat-major de Bakao. La section qui était à l’aéroport y a passé la nuit pour veiller à une éventuelle intervention étrangère qui pourrait venir par les airs. On est resté une semaine à patrouiller, mais il y avait rien. On est rentré à Dakar le samedi 08 novembre 1980.
“Kukoy Samba Sagna était à l’origine des deux Fodé Kaba”
«C’est lors de “Fodé Kaba 2” que le masque est tombé. Le général qui a remplacé Mahoney, le général Tambadiang, était le bras armé de Kukoy Samba Sagna. C’était lui la taupe. D’ailleurs, c’est lui qui s’est présenté à l’aéroport le 31 juillet 1981 entre 09h et 10h pour traiter l’armée Sénégalaise de tous les noms. Il ne voyait personne parce que nous étions tous “enterrés”, planqués dans des tranchées. Avec ses hommes, ils tiraient tout le temps, mais on ne répondait pas. Ils faisaient des “tirs de contacts” pour chercher à nous délocaliser. Ils sont repartis pour revenir et continuer à tirer. C’est là qu’on a élimé Tambadiang qui était supposé invulnérable par les Gambiens qui n’avaient pas cru à sa mort pendant trois mois. Les Gambiens pensaient qu’il était immortel.»
42 Commentaires
Abdou
En Janvier, 2017 (20:03 PM)Kaddu Magg
En Janvier, 2017 (20:05 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (20:14 PM)Kaddu Magg
En Janvier, 2017 (20:28 PM)Kaddu Magg
En Janvier, 2017 (20:30 PM)Fils De Soldat
En Janvier, 2017 (20:37 PM)on nous tue mais on ne nous deshonore pas!!!
Anonyme
En Janvier, 2017 (20:38 PM)Dans tout cela c'est la Casamance qui trinquera encore pour 10 à 15 ans d'autant plus qu'avec même la décentralisation, les Compétence locales de ces Territoires sudistes ne manifestent ni besoin, ni courage de prendre eux-mêmes et d'abord en mains propres le destin de cette Casamance pourtant bénie par tous les Cieux ET Terres !!!
Humble Commentateur
En Janvier, 2017 (21:07 PM)Mais en dehors de l'anecdote très palpitante il est bon de ne pas perdre de vue 2 choses:
1-La Gambie d'hier n est pas la Gambie d’aujourd’hui ( militairement parlant )
2-Au moment ou on parle de forces de la Cedao qui devrait aller imposer Barrow il est alarmant de constater qu il n y a que le Sénégal qui peut vraiment aller en Gambie
Nigeria, bonnes forces mais armée très peu professionnelle et souvent sous l emprise de stupéfiants
Mali,armée en reconstruction et sincèrement d autres chats a fouetter
Cote d'Ivoire, armée en reconstruction et mutineries en cour a gérer
Guinée Conakry,pas pour l option militaire
Anonyme
En Janvier, 2017 (21:10 PM)Anonymeallemagne
En Janvier, 2017 (21:11 PM)Le Para De Louga
En Janvier, 2017 (21:52 PM)Md
En Janvier, 2017 (22:29 PM)https://www.youtube.com/watch?v=3U4Qu08D8Sw
Sa Matt Golo Niaye
En Janvier, 2017 (22:30 PM)Je viens juste d'apprendre cette histoire, au senegal, l'armee ne communique pas avec le peuple en temps de guerre.Je viens d'apprendre la mort du Sergeant Babacar Dieng que Dieu l'acceuille dans son paradis! amin! ainsi k tous ceux ki sont tombes dans ces operations militaires.
et je aimeriais connaitre les noms de ces braves commandos disparus dans l'accident de l'helicoptere aussi!
Ces soldats sont mes heros, ils se sont sacrifies pour nous, j'ai le coeur meurtri acctuellement, acctuellement j'avais a peine 15 annees au lycee en 1981 je me suis toujours demandes ki etaient ces soldats disparus dont j'entendais seulement une rumeur k ils avaient des morts mais jamais des preuves!
Tous ces braves soldats tombes devraient avoir leur memoire enseignee et celebree mais en lieu on celebre des gens ki n'ont rien apporte au senegal!
Anonyme Le Paysan
En Janvier, 2017 (22:50 PM)Zée
En Janvier, 2017 (23:45 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (01:14 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (04:05 AM)Attention !
Anonyme
En Janvier, 2017 (05:55 AM)Machallah
En Janvier, 2017 (09:20 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (10:24 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (11:14 AM)Movez Foy
En Janvier, 2017 (11:19 AM)Son Te Tayi
En Janvier, 2017 (11:26 AM)Des agents qui sont d’une même catégorie ont des disparités énormes en termes de traitement salarial et il faut tout remettre à plat .
Des indemnités ont été données à des corps et pas à d’autres. L’État doit se pencher sur la question, afin d’apporter des réajustements.
Il faut trouver un nouveau système de rémunération des agents de l’État qui sera juste et équitable.
La grille salariale du Senegal date de 1961, il faut revoir tout le package d’indemnités données aux agents de façon désordonnée . exemple DGPSN envers le CSA
Anonyme
En Janvier, 2017 (11:26 AM)UN GARAGE ET 1 DEBARRAS. TOUT CARRELE CHAMBRE ET COURS, 2 COURS DE 50m CARRE. MAISON EN TERRASSE.
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Anonyme
En Janvier, 2017 (11:31 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (11:33 AM)Plaise au ciel que nos dirigeants politiques ne soient pas aveuglés par leur haine de JAMMEH.
Si les gambiens sont incapables de se soulever comme l'ont fait les tunisiens et les libyens, alors laissons les avec leurs problèmes. Une seule goutte de sang d'un militaire senegalais fut elle issue d'une égratignure serait une goutte de trop. M'enfin YALLA NA DJAM AK SALAM MOUDJE CI.
Anonyme
En Janvier, 2017 (11:34 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (11:34 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (11:49 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (12:00 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (12:51 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (12:53 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (13:23 PM)Ils ont exigé que l'armée sénégalaise se retire avant toute négociation, c'est ainsi que la cedeao composait des militaire du Togo, du Ghana et d'autres ont pris le relais et les rebelles ont marché sur eux pour arriver au pouvoir. L'armé Sénégalaise avait réussi à repousser les rebelles qui s sont repliés vers l'aéropord, oui là un certain Ngom (un colonel ou sergent), avec le groupe qu'il dirigeait on décidé de les suivre à l'intérieur pour en finir avec eux et c'était là qu'est venu le massacre, son corps a été exposé et trainé dans la rue. Et n'oublié pas que ces rebelles étaient de vieux soldats qui ont tous pris part à la guerre de l'indépendance de leur pays, alors qu'on avait déployé labas des soldats qui venaient fraichement de finir leur formation. Et après tout ils ont réussi à repousser ces rebelles qui ont exigé leur départ pour ensuite arrivé à leur
faim
Anonyme
En Janvier, 2017 (13:24 PM)Anonyme L . A
En Janvier, 2017 (13:28 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (14:54 PM)Ibo
En Janvier, 2017 (15:11 PM)Vive l'armée sénégalaise!!!
Anonyme
En Janvier, 2017 (18:24 PM)Cherif M New York
En Janvier, 2017 (20:44 PM)Second
En Janvier, 2017 (11:57 AM)Anonyme
En Août, 2017 (01:55 AM)Un Temoin Du Coup D Etat
En Octobre, 2017 (21:01 PM)Participer à la Discussion